Enfants et Jeu vidéo : "les parents doivent faire l'effort de s'intéresser"
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- Le 07/11/2014
- Dans Événements
Face aux interrogations des parents, la Paris Games Week avait été la semaine dernière l'occasion pour les parents non-joueurs d'obtenir quelques réponses sur ce média qu'ils méconnaissent.
Comme quoi : la Paris Games Week n'a pas que des mauvais côtés. La semaine dernière, loin de la foule et du bruit du hall 3, le SELL (Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisir) a profité du salon parisien pour organiser une petite conférence destinée à mieux informer les parents de jeunes gamers, intitulée Jeux et Joueurs : réponses aux parents. Durant la demi-heure qu'a duré cette réunion, quatre experts avaient tenté d'apporter leurs points de vue et de répondre aux questions des parents extérieurs à ce média. Cela avait ainsi été l'occasion d'aborder les habituelles questions des contenus et de la dépendance face auxquelles des parents peu informés se sentent démunis.
Lors de cette conférence, un point est particulièrement ressorti dans la bouche des experts : les parents devraient plus volontiers faire la démarche de s'informer et de s'intéresser.
Car si Julien Villedieu (délégué général du SNJV) assume pleinement la responsabilité des éditeurs qui doivent porter attention aux contenus qu'ils proposent, il précise d'emblée que les parents ne peuvent rester passifs : eux aussi ont un rôle et doivent s'interroger et essayer de comprendre les loisirs de leurs enfants. Pour lui, la simple démarche de partager l'activité plutôt que de la regarder de loin est fondamentale.
De même, Olivier Andrieu-Gérard (responsable de la Paris Games Week Junior) nous fait part d'une constatation qui dépeint cette partie incontournable du problème : beaucoup de parents ne savent pas à quoi jouent leurs enfants. Il arrive régulièrement que des parents offrent des jeux vidéo à leurs enfants de la même manière qu'ils leurs offriraient un jouet. Selon ce qu'Andrieu-Gérard nous décrit, on retrouve finalement le même ordre d'idée que ce préjugé auquel tous les joueurs ont déjà dû faire face au moins une fois : le Jeu vidéo serait destiné aux enfants et non aux adultes. Pourtant, il suffit de s'intéresser à une large gamme de titres pour remarquer qu'il existe différents jeux pour différents âges et que certains titres doivent absolument être évités par les plus jeunes. L'idée avancée jusque là sera reprise par l'animateur de la conférence qui résumera avec pertinence : "Le Jeu vidéo n'est pas une garderie".
Les experts de cette conférence font ainsi référence au fait que de nombreux parents ne fassent pas instinctivement la démarche de s'intéresser aux activités de leurs enfants, du fait de leur vision du Jeu vidéo comme simple jouet. Or, ne pas faire cette démarche est justement ce qui les empêche de modifier cette vision du Jeu vidéo.
Ces propos font aussi écho dans la bouche de Michael Stora (psychologue, expert des mondes numériques) lorsqu'il évoque la question du mythe de l'addiction au Jeu vidéo. Il note en effet un réel manque d'investissement de la part de certains parents. Il nous cite l'exemple d'un parent enlevant la manette des mains de son enfant et, s'étonnant de le voir s'énerver face à cette situation, fera vite le raccourci du Jeu vidéo rendant dépendant et agressif. Pourtant, il ne viendrait pas à l'esprit de ce même parent d'éteindre la télévision en plein milieu d'un dessin animé. On retrouve ainsi une nouvelle fois l'idée de parents qui ne font pas la démarche de partager l'activité et, dans cet exemple, d'un parent qui pense systématiquement un jeu vidéo comme une partie de Space Invaders et qui ne fera donc pas la démarche de demander si la sauvegarde est possible.
Pour en venir pleinement à la question de la dépendance, qui sera finalement un peu moins traitée durant cette conférence, Michael Stora tentera de rassurer les parents devant cette légende. Si pour lui, il n'existe pas d'addiction à proprement parler, il peut exister chez de rares joueurs des comportements excessifs qui s'approcheront plus de la boulimie. Dans certains MMO, on peut ainsi observer de façon occasionnelle cette boulimie dans la pratique du farming. Contrairement à un film qui dispose d'une conclusion, ces joueurs peuvent se retrouver dans une compétition sans fin contre d'autres joueurs dans un univers en constant changement ou dans lequel les scores sont régulièrement remis à zéro, c'est-à-dire quand il y a sans cesse de nouveaux objectifs qui maintiennent le joueur dans la démarche de les atteindre. Pour Stora, il y a un comportement excessif quand "l'enjeu prend le pas sur le plaisir".
Cette méconnaissance du Jeu vidéo par les parents de jeunes joueurs n'est malheureusement pas un fait nouveau et elle est régulièrement constatée par de nombreux joueurs adultes, spécialistes du Jeu vidéo ou journalistes. Cela avait même pu être vérifié l'année dernière à quelques dizaines de mètres seulement de l'endroit où s'est tenue cette conférence. En plein cœur de la Paris Games Week, l'équipe de Gamelove avait ainsi pu faire un reportage pertinent (à découvrir ci-dessous) dévoilant quelques parents non-joueurs qui se montraient finalement très peu informés quant au système de notation PEGI.
Méconnaissance du Jeu vidéo : les parents font-ils peu de démarches pour s'informer, les éditeurs font-ils peu de démarches pour les informer, ou les deux ?